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De monumentales lettres dans la pâture

De grosses pierres ornent une pâture surmontée d’un ostensoir. Les rocs peints de blanc représentent des lettres monumentales. “Gloire à Jésus Christ” s’inscrit à flan de colline. Cette inscription porte haut et loin la ferveur pieuse d’un dimanche de Août 1892. Trente mille pèlerins se réunissent à Wimille. Sous la houlette des châtelains de Vallembrune et de Lozembrune, cet acte de foi prend une tournure politique.

Gloire à Jésus Christ, témoignage d'une époque

1892 une dure séparation

Monsieur De Ledinghen, Maire de l’époque : “Par notre présence nous démontrons à l’État laïque, notre persévérance à ne pas disparaître sous des principes républicains dans lesquels nous ne nous reconnaissons plus […] Cette cérémonie doit contribuer à la pacification religieuse de notre patrie.” Les pierres de Marquise demeurent là. Témoins d’un pan de l’Histoire où les échanges entre les élus locaux et l’État se faisaient avec rage. Les uns défendant les valeurs catholiques, les autres ceux d’une République tolérante mais séparant l’église de l’État.

Pélerins rassemblés à Wimille

“Ce dimanche 28 août 1892, nous sommes trente mille pèlerins venus de toute la région pour se réunir au sommet de la colline “La Croix” au pied de l’ostensoir dressé pour l’occasion. Un voile de nuages sombres nous accompagne mais “Pluie du matin n’arrête pas le pèlerin” comme on dit entre-nous. Cette grande réunion est un acte de foi pour entendre « l’acte de Consécration à Notre Seigneur Jésus-Christ dans le très Saint-Sacrement de l’autel ». Ce rendez-vous est aussi une forme de manifestation pour montrer à l’État laïc notre présence et notre persévérance à ne pas disparaître sous des principes républicains dans lesquels nous ne nous reconnaissons plus.

Le Maire Monsieur De Lédighen dans son discours l’a d’ailleurs vivement rappelé. Cette cérémonie doit contribuer à la pacification religieuse de notre patrie. De fortes bourrasques accompagnées de violentes averses eurent raison de la messe en plein air . Elle fut dite dans l’église de Wimille bien trop petite pour l’occasion. L’après-midi, la tempête s’est éloignée. Un immense cortège s’organise allant par le Mont-Gambier rejoindre les allées du parc de Lozembrune. C’est au dessus des quatre-vingts marches qui dominent le château qu’un autel est installé. Nous y recevrons la bénédiction. Le ciel léger est piqué d’un air pur, et déjà les rayons du couchant annoncent la fin de cette journée unique. Un magnifique feu d’artifice sera tiré sur la plage de Wimereux pour clôturer ce moment eucharistique intense.”

La colonne de fonte, d’une hauteur totale de quinze mètres sera de nouveau érigée en 1895 au centre d’une pâture qui glorifiera Jésus à travers d’immenses lettres tracées à l’aide de pierres de Marquise. Les pèlerinages se succéderont vivifiant le culte eucharistique en recouvrant le sol de milliers de fleurs en papier donnant un aspect irréel à la colline.

Aujourd’hui ces lettres monumentales de pierres demeurent sur le flan de la pâture indiquant « Gloire à Jésus Christ ». Ce site se trouve en bordure de la rue de Ledinghen. Il est la trace d’un combat fait de violents échanges entre les représentants de l’État et les élus locaux de l’époque. À leur tête le maire de la commune, Monsieur Alexandre Armand Joseph De Lattaignant De Ledinghen. Wimille est très pieuse et ne veut se soumettre à l’intégralité des textes régissant la République. Deux époques se chevauchent alors. Le monuments aux morts érigé en 1920 est d’ailleurs l’un des seuls de France à porter la croix chrétienne en son centre.

Texte/iconographie : Xavier Blanquet