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Aux morts pour la patrie

Wimille a dédié son monument aux morts pour la patrie à tous les combattants et résistants pour la liberté à travers toutes les guerres mondiales. Ici les victimes des conflits armés comme ceux d’Afrique et du Maghreb marquent de leurs noms la pierre. L’adjudant Vanhoutte, wimillois engagé et mort en manœuvre y a également pris place. Fortement marquée par la guerre, Wimille, par la voix de ses élus, exprime au côté des habitants la valeur de la paix. Chaque date commémorative donne lieu à un hommage.

Le monument aux Morts, lieu de passation de mémoire

Le devoir de mémoire comme valeur pour le présent

Chaque guerre, l’humain paie un lourd tribut à la vie, à la mort. Le monument en hommage aux civils et aux soldats tombés pour la France compte 187 noms. Les deux guerres mondiales, 14-18, 39-45, les guerres du Maghreb et celles en Asie ont gravé à jamais ces femmes et ces hommes dans la mémoire wimilloise. Une plaque porte le nom d’Emmanuel Vanhoutte. Cet adjudant chef, a connu les théâtres macabres de l’Afrique et de la Yougoslavie. Tombé lors des entraînements aéroportés, la ville lui a dédié la place de la Gare.

Le Monuments aux Morts se situe en cœur de village

Voici comment est rapportée la cérémonie d’inauguration du monument aux morts de Wimille par le journal le “Combattant du Boulonnais” dans son édition du 1er mai 1921

“Dimanche 17 avril, la commune de Wimille inaugurait le monument élevé à la mémoire de ses enfants tombés au champ d’honneur. A 3 heures, le cortège formait à l’entrée du village se met en marche, s’avançant lentement au milieu de la foule émue et se dirige vers le monument. Dans le cortège officiel, on remarque M. Laban, sous-préfet ; M. de Lédinghen, maire de Wimille ; MM. Dutertre et Berthelot, adjoints au maire de Boulogne, le conseil municipal de Wimille, M. Dibos, maire de Wimereux, quelques maires et conseillers municipaux des communes voisines, les enfants des écoles et , fermant le cortège, les délégations des sociétés de Boulogne, l’union des réformés, anciens combattants veuves et orphelins du Boulonnais, les médaillés militaires et les vétérans des armées de terre et de mer. Notre association est conduite par M.Caffier, vice-président, entouré de quelques membres du conseil d’administration, MM. Marsan, Bettig, Pruvost, Heumel, Tribouilloy, Grignion, Lefèvre et J Martin, délégué de notre association pour Wimille.
Au pied du monument, après avoir entendu la Marseillaise et la marche funèbre de Chopin, M. de Lédinghen prenant la parole en termes empreints des plus hauts et plus nobles sentiments, salue les glorieux morts.
M. Dutertre, remplaçant M. le sénateur maire Farjon, apporte un hommage éloquent aux enfants de Wimille tombés au champ d’honneur.

M. Delbarre, au nom de la société des vétérans, exalte ensuite la reconnaissance de la France à ceux qui sont morts pour elle. M. Pruvost L., au nom de notre association du Boulonnais, lui succède en un vibrant discours. Empreint d’une émotion intense, jetant un peu de baume sur la grande douleur des pères, mères et femmes de ceux qui furent nos anciens compagnons d’armes. Les enfants des écoles se font alors entendre dans une pieuse et touchante cantate ; une poésie du souvenir est ensuite récitée par une jeune orpheline de guerre.
M. Laban vient à son tour apporter, au nom de la République, l’hommage reconnaissant de la patrie. M. le curé de Wimille, ancien combattant, vient d’une voix que fait trembler une visible émotion, apporter un pieux hommage de reconnaissance à ses anciens frères d’armes.
La cérémonie prend fin, sur la venue d’un groupe de jeunes gens, venant prêter serment de fidélité à leurs aînés et la population se retire, émue par cette cérémonie de consolation suprême.”

Terlincthun un lieu hors du temps

Le cimetière militaire de Terlincthun

Ce hameau a fait longtemps partie du territoire de Wimille. Il a été cédé 37 hectares à la ville de Boulogne-sur-Mer en février 1899. C’est durant cette même année que fût érigé en municipalité  Wimereu. Celle-ci engloba une partie du hameau de Terlincthun. Si sa physionomie vallonnée portant la Pointe de la Crèche en direction de La Manche, lui confère un caractère bien à part, la présence dominante de La Colonne de la Grande Armée le surplombant, et du cimetière militaire l’extrait totalement du temps qui passe.

le cimetière Terlincthun Wimille

Le Terlincthun British Cemetery, implanté à quelques centaines de mètres de la Colonne de la Grande Armée, englobe les stèles de nombreux soldats britanniques, indiens et canadiens. 4378 corps, dont 3380 identifiés, sont enterrés là depuis la Grande Guerre.

Leurs noms vivront à jamais

Si on se place derrière la Pierre du Souvenir – dressée dans chaque cimetière britannique de plus de 400 tombes et sur laquelle Rudyard Kipling a fait écrire « Leurs noms vivront à jamais » – l’Empereur Napoléon donne l’impression de veiller sur les soldats du Commonwealth, enterrés là depuis la Grande Guerre. Cette perspective, l’architecte britannique Herbert Baker l’a volontairement dessinée au moment où il pense l’aménagement de ce cimetière créé en juin 1918. A cette époque, les cimetières communaux de Boulogne-sur-Mer et Wimereux ne permettent plus d’inhumer les soldats évacués du front qui meurent dans les hôpitaux de ces villes. L’urgence impose alors de créer une nouvelle sépulture.

Après la guerre, Terlincthun demeure un cimetière « ouvert » où sont transférées des tombes isolées ou situées dans des endroits où leur entretien ne pouvait être assuré. On trouve ainsi à Terlincthun, à côté des 4 378 corps de soldats britanniques, indiens ou canadiens, les dépouilles de plus de 200 combattants d’autres nationalités comme des Russes, des Polonais, des Américains ou encore des Allemands prisonniers de guerre. Les stèles de ces soldats se distinguent par leurs formes et par les symboles qu’elles portent. Ainsi, on trouve une stèle en bulbe avec une croix orthodoxe pour les soldats russes de cette confession, ou une stèle légèrement pointue avec une croix pattée pour les Allemands A leurs côtés, reposent 46 membres de la Royal Air Force tués en septembre 1918 à Marquise lors d’un bombardement de l’aviation allemande, rappelant ainsi que la Première Guerre mondiale a fait du ciel un « champ de bataille meurtrier ».

cimetière anglais de Terlincthun
Le saviez-vous ?

Au hameau de Terlincthun, il y avait là une petite chapelle dite Jésus Flagellé, objet de dévotion pour les matelots. À chaque retour de mer, ces derniers y déposaient leurs offrandes.

Texte/iconographie : Xavier Blanquet