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CES METIERS BIZARRES …

Par ces temps de difficultés économiques, beaucoup de citoyens se retrouvent sans travail et la recherche de « petits boulots », comme on dit, est devenue une constante. Dans ce domaine, l’imagination est fertile et n’a pas de limite. On connaît encore les hommes sandwiches qui s’en vont de par les rues , une pancarte sur le dos, vantant les mérites de tel ou tel produit ou encore annonçant la prochaine pièce de théâtre ou un spectacle d’importance, forcément inédit.

Le colportage des journaux, un temps abandonné, est de nouveau d’actualité. Au début du siècle dernier et jusqu’à la seconde guerre mondiale, c’était devenu un véritable métier. Il suffisait à nourrir son homme. Pour signaler leur arrivée, les colporteurs faisaient un raffut du diable ; même les clients qui dormaient comme des loirs… ou comme des souches, se réveillaient illico presto mais de mauvaise humeur si bien que l’habitude fut prise de glisser les journaux sur le pas de la porte d’entrée ou dans les boîtes à lettres, le paiement se faisant à la semaine d’un accord tacite. Certaines occupations étaient saisonnières comme ces claqueurs de fouet qui exerçaient leurs talents uniquement pendant la période de chasse. Leur travail consistait à claquer du fouet, de manière intempestive, aux endroits où nichaient les oiseaux et autres gibiers afin de les effaroucher. Pour cette opération, ils se plaçaient de façon à orienter les animaux dans une direction choisie, à portée des chasseurs à l’affût, soucieux de figurer au palmarès des meilleurs fusils. Et pas seulement pour la gloire ! car durant l’attente, ils salivaient déjà à l’idée des joyeuses ripailles qui les attendaient.

 

 

Il existait bien d’autres petits métiers bizarres aussi…

Le journal  « Le Boulonnais » s’en fit l’écho à propos d’un ouvrage de Privat d’Anglemont consacré à ce sujet : les mégotiers, par exemple. C’étaient des miséreux qui hantaient les cafés et à l’aide d’un crochet, voire avec les semelles de leurs chaussures, ramassaient les mégots de cigarettes ou les restes des cigares. Une profession très lucrative, paraît-il. Ces résidus de tabac, séchés et triés, servaient à confectionner des cigarettes neuves vendues sur un marché parallèle à des prix défiant toute concurrence, les clients n’ayant guère de scrupules à consommer une marchandise dont ils connaissaient la provenance. En toute transparence, comme on dit aujourd’hui. Très lucrative également, la corporation des marchands d’arlequin, un terme d’argot pour désigner les reliefs de restaurant ou des bonnes tables de bourgeois. La récupération de ces restes permettait de varier les menus. La variété dans ce domaine était grande avec toutes sortes de légumes et de viandes que les cuistots de l’extrême rendaient acceptables pour la revente. Il n’empêche, il fallait un solide estomac et un cœur solidement accroché pour ingérer ces délices ( ! ) réchauffés. Mais quand on a faim et que c’est bon, pourquoi s’en priver…

Travailler dans la boulange avec des croûtons de pain rassis, parfois plus ou moins sales ou moisis, ce n’était pas une sinécure. Il fallait d’abord nettoyer et rendre acceptable tous ces débris. Certains, disons les moins avariés, étaient coupés avec beaucoup de soin. Passés au four et dorés à point, ils étaient transformés en croûtons destinés à être incorporés dans les potages et les soupes de poissons. Ceux qui étaient trop avariés pour une telle préparation étaient tout simplement moulus et transformés en chapelure laquelle était revendue aux bouchers et charcutiers pour paner leurs viandes. Et que dire des fondeurs de chiens et de chats ? Ceux qui s’adonnaient à cette fonction commençaient d’abord par repérer les cadavres de ces animaux de compagnie. Les méchantes langues ajoutent qu’en cas de pénurie, nécessité oblige, ils n’hésitaient pas à faire passer ces pauvres bêtes, de vie à trépas. En possession de ces dépouilles, leur travail consistait à les dépecer et à fondre leur chair pour en extraire la graisse. Ils trouvaient aisément des amateurs pour acheter ces substances lipidiques qui trouvaient leur utilité dans l’industrie des cosmétiques, la peau et les os étant aussi recherchés pour un usage industriel.
Il ne faudrait pas oublier non plus cette faune plus ou moins obséquieuse qui se pressait à l’arrivée des bateaux de voyageurs, devant les hôtels restaurants, les musées ou les églises. Ces cicérones, non dépourvus d’arrière-pensée, se précipitaient pour ouvrir la portière des véhicules qui les attendaient ; pas du tout avares de compliments, ils envoyaient à leurs visiteurs du «Mon prince » ou « Son altesse » en tendant discrètement une main qui demandait une obole qu’on ne leur refusait d’ailleurs pas.
Il existait bien d’autres métiers bizarres, à différentes époques. Avis à ceux qui voudraient enrichir cette rubrique…

L’auteur

A_verley_écrivain journaliste_Historien du Boulonnais

André Verley.

Écrivain journaliste. Historien du Boulonnais